Benjamin Péret about Slavko Kopac
On ne saurait présenter Slavko Kopac comme un artiste quelconque, fût-il le plus doué du monde, puisqu’il ne se propose nullement d’animer la démarche plastique de notre temps, mais se situe, au contraire, à la naissance même de l’art, au point où l’enfant — qui subsiste au cœur de tout homme — découvre le monde et s’en enchante. Une telle position implique la profonde innocence du primitif et nul, si habile qu’il soit, n’a le moyen de l’acquérir; tout au plus peut-il la simuler sans espérer tromper personne. L’authenticité de Slavko Kopac réside précisément dans cette innocence qui le transforme en créateur d’un folklore personnel et familier, comme toutes les croyances populaires à leur origine.

Le sien va de la rue (« La terrasse est derrière ») aux désirs de voyages et d’aventures qui hantent son existence d’artisan sédentaire, car il est autant peintre que céramiste. Mieux encore, il peint à la céramique comme d’autres à la gouache. A l’encontre des primitifs qui, de la matière, extraient les personnages de leurs mythes, il propose des êtres attendant leur histoire et des totems qui réclament leur peuple. Les enfants n’agissent-ils pas de même ? Son œuvre, en tout cas, rend le son pur du premier cristal et rien n’y apparaît qui n’a le caractère essentiel d’une nécessité intime, tel le feu-follet issu des profondeurs de l’étang. Que faut-il de plus pour l’apprécier et l’aimer ?
